Angel Benguigui, Directeur Général Délégué d'Econocom et Frances Weston, Directrice Générale Econocom Amérique du Nord, UK & Irlande s'expriment sur les prochaines fusions et acquisitions en Europe après le rachat de Trams.
Les dirigeants exposent leur plan de fusions et acquisitions, qui prévoit davantage de rachats au Royaume-Uni
Econocom affirme être sur le point de conclure plusieurs opérations de fusions-acquisitions à travers l'Europe pour atteindre son objectif : doubler son chiffre d'affaires au cours des trois prochaines années.
Coté sur Euronext et fort d’un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros sur l'ensemble de l'année 2021, le revendeur a récemment exposé son ambition d'atteindre 10 milliards d'euros de chiffre d’affaires d'ici 2030.
Cet objectif s'inscrit dans le cadre d'un nouveau business plan élaboré l'année dernière après plusieurs années de transformation.
L’année 2018 a été mouvementée pour Econocom. Contrainte d’émettre un avertissement à ses investisseurs après une chute de 43 % de ses bénéfices d'exploitation courants (soit 34 millions d'euros) au cours du premier semestre de l'année, le cours de l’action Econocom a subi un fort déclin.
En fin d’année, afin de redresser la barre, son fondateur, Jean-Louis Bouchard, a repris les rênes de l’entreprise à la place de son fils, Robert Bouchard.
Econocom s'est alors lancée dans un plan de transformation sur deux ans en vue de réduire sa dette, et a fait appel à la société de conseil McKinsey pour la soutenir dans cette démarche.
Le revendeur s’est ensuite engagé à céder plusieurs de ses filiales tout au long de l’année 2019, dont le fournisseur de services de mobilité et réseaux sans fil Jade Solutions, basé au Royaume-Uni.
Econocom est sortie de son plan de transformation fin 2020 avec une nouvelle stratégie visant à concentrer ses efforts sur trois cœurs de métier : la vente de produits et de solutions, les services et son activité de leasing, TMF (Technology Management and Financing).
Nous avons beau être une grande entreprise, rentable et en pleine expansion, nous ne pouvons pas être sur tous les fronts
S'adressant à CRN, le directeur général du groupe Econocom, Angel Benguigui, a déclaré qu'Econocom avait tiré les enseignements de son précédent plan d'acquisition mis en œuvre de 2014 à 2018.
Au cours de cette période, Econocom a acquis une trentaine de sociétés, dont certaines se sont avérées bénéfiques pour sa stratégie globale, tandis que d'autres étaient plus éloignées de son cœur de métier.
Désormais, Econocom se concentrera seulement sur la revente de produits et de solutions ainsi que sur le leasing dans les 16 pays où elle est présente, tout en investissant dans les services en France, en Belgique et en Espagne uniquement.
« Nous avons beau être une grande entreprise, rentable et en pleine expansion, nous ne pouvons pas être sur tous les fronts. Lors de l’élaboration de la stratégie, nous avons envisagé le leasing, la revente de services, et les services. Mais le secteur des services est très vaste : vous avez Accenture, T-Systems, Capgemini, et de nombreuses autres entreprises de renom », déclare-t-il.
« Nous avons décidé pour l’heure de ne développer des services qu'en France, en Belgique et en Espagne. Pourquoi ? Parce que nous avons tiré des enseignements de l'acquisition de nombreuses petites entreprises peu évolutives dans les domaines de la cybersécurité, du cloud et de l'hébergement. Nous voulons plutôt concentrer nos efforts sur les activités de services où nous pouvons être leaders. Par exemple, en France, en Belgique et en Espagne, nous sommes leaders dans l’externalisation de la gestion des environnements de travail. Cette activité doit être développée. Mais nous ne voulons pas nous remettre à acheter des entreprises qui exigent des connaissances dont nous ne disposons pas et qui ne seront pas évolutives ».
Angel Benguigui a déclaré qu'Econocom avait « presque cédé tout ce que nous voulions céder », avant d’ajouter que trois ou quatre autres entreprises seraient vendues au cours de l'année prochaine.
Les cessions ont permis de « faire le ménage » au sein du groupe, a déclaré le directeur général du groupe, et lui ont permis d’engager une nouvelle stratégie de fusions et acquisitions pour les prochaines années sans augmenter son endettement.
Cette opération de fusions et acquisitions a déjà commencé. Econocom a acquis le revendeur britannique Trams en juillet de l'année dernière, après que sa directrice générale pour le Royaume-Uni, l'Irlande et les États-Unis, Frances Weston, a déclaré à CRN quelques mois auparavant que l’entreprise était à la recherche d’un revendeur britannique avec un chiffre d’affaires de 150 millions de livres sterling.
Angel Benguigui a déclaré à CRN qu'Econocom était sur le point de conclure l'acquisition d'un revendeur en Espagne dont le chiffre d'affaires s'élevait à 18 millions d'euros. Il a ajouté que cette acquisition serait bientôt suivie de celle de deux revendeurs « de taille moyenne » aux Pays-Bas et en Allemagne, qu'il prévoit de conclure en juin ou juillet.
L’entité TMF d'Econocom a quant à elle acquis la société française SOFI Groupe en avril, un premier pas sur le marché des appareils mobiles et des tablettes reconditionnés.
Frances Weston a ajouté qu'Econocom continuait d'explorer le marché britannique à la recherche d'autres acquisitions de revendeurs, affirmant qu'il y avait actuellement des « tonnes » d'entreprises à vendre sur le marché.
« Le fait est que certaines de ces sociétés sont trop petites et qu'elles n’ont pas encore entamé de cycle de croissance et d'expansion. Et ce n'est pas forcément le point d’accès que nous souhaitons pour réussir », a-t-elle déclaré.
« Pour nous, il s'agit véritablement de trouver des cadres chevronnés qui sont sur site, qui connaissent et sont passionnés par le secteur, et qui sont en mesure de partager leurs connaissances avec l'ensemble du groupe. C'est pour cette raison que la mise en place a été facilitée avec Trams : ils ont instantanément été associés à nos ressources plus vastes, ainsi qu’à l'Espagne, la France et l'Italie, et livrent des produits à chaque pays européen où nous exerçons nos activités ».
Angel Benguigui a ajouté que Trams présentait le « profil idéal » de la société qu'Econocom souhaitait acquérir, en précisant qu’il fallait que les cibles potentielles disposent déjà d’une envergure conséquente et génèrent entre 50 et 150 millions de livres sterling de chiffre d’affaires.
« Nous sommes très heureux de l'acquisition [de Trams]. C’est une société remarquable, très bien dirigée. Il s’agit véritablement du type de profil d'entreprise que nous voulons acquérir dans d'autres pays ».
Econocom UK a récemment emménagé dans les bureaux de Trams à Londres, a indiqué Frances Weston, qui souligne que les deux sociétés partagent déjà des clients et travaillent ensemble.
Le groupe pourrait aller au-delà de l'acquisition de revendeurs au Royaume-Uni, et son rachat de SOFI en France pourrait être suivi d’acquisitions similaires dans d'autres régions d’Europe.
« Nous adoptons une approche lente et réfléchie afin d’identifier la voie à suivre pour l'avenir. Mais les revendeurs, le recyclage et le reconditionnement sont autant de domaines auxquels nous sommes impatients de nous intéresser au cours des prochaines années », a-t-elle ajouté.