Études : signaux faibles, courants forts

Ce que nous apprenons

  • Au niveau mondial, l’étude Canalys, publiée annuellement à partir de plus de 6000 réponses de chefs d’entreprise permet une compréhension globale de leurs attentes. Elle montre que les offres de services durables et responsables sont indispensables aux yeux des dirigeants d’entreprise, compte tenu des réglementations environnementales, des crises énergétiques et des exigences des utilisateurs. 

    C’est pour cette raison que leur suivi des KPI extra-financiers intègre l’évolution du scope 3 (voir une explication des scopes ici). Le bénéfice attendu est considérable puisque plus de 50% des entreprises européennes évaluent à la hausse leurs revenus issus d’offres ESG. La collecte et le recyclage, la réparation, le reconditionnement et la revente des produits numériques sont en tête des attentes, mais la compilation et l’analyse des données touchant à la durabilité des produits sont considérées comme des enjeux stratégiques.

  • Numeum publie chaque année un sondage auquel plusieurs centaines de DSI répondent en France. La responsabilité n’est plus une option : quasiment tous les appels d’offres sur les sujets numériques demandent aux fournisseurs de démontrer leurs actions vertueuses.

80 %

des entreprises du numérique mettent en oeuvre des mesures d’économie d’énergie

92 %

des DSI réalisent des appels d’offres avec l’obligation de démontrer des actions responsables pour leurs fournisseurs, contre 66% en 2020)

76 %

des entreprises du numérique répondent à au moins un appel d'offres ayant des critères RSE.

87 %

des entreprises du numérique comptent intensifier leurs actions pour le numérique responsable

  • La plupart des entreprises ont pris des engagements sur leur décarbonation.
  • Les projets de numérique responsable sont essentiellement tournés vers le green IT (par exemple  l'éco-conception de logiciels et de services informatiques) pour 42%.
  • L'IT for green, l’utilisation de l’IT pour améliorer l'impact environnemental, social et économique d’un produit ou service, représente 24% des projets d’impact.
     

La demande croît rapidement pour un numérique responsable : 46% des DSI ont des projets IT qui soutiennent leurs enjeux de RSE « métier » de leur entreprise.

Actions pour le numérique responsable

Interview de Véroniquer Torner

Point de vue

Véronique Torner

Présidente de Numeum

Engager le numérique dans la trajectoire de l’impact

“Le Numérique est à l'origine d'importantes disruptions mais c'est aussi un levier incontournable pour accompagner les grandes transitions en cours et à venir.
Engager le Numérique, c'est engager nos adhérents et l'écosystème numérique dans une trajectoire d'impacts positifs sur le plan économique mais également social, sociétal et environnemental.”

Véronique vous êtes Présidente de Numeum, syndicat professionnel des entreprises du numérique depuis quelques mois, et membre du conseil d’administration depuis plusieurs années. Pourriez-vous nous donner quelques chiffres pour illustrer votre taille, et nous décrire les grandes missions et les principaux travaux menés par ce syndicat ?

Numeum est l'organisation des professionnels du numérique en France. 
Nous sommes également un syndicat patronal rattaché à la Fédération Syntec, 6ème fédération du Medef, qui porte la convention collective pour le secteur.
Nous représentons un peu plus de 2500 entreprises, ESN, ICT, éditeurs de logiciels et plateformes qui réalisent plus de 85% du chiffre d’affaires du secteur. Numeum est née de la fusion en juin 2021 de Syntec Numérique et Tech’in France et a également fusionné avec Cinov numérique en décembre 2022.
Près de 80% de nos membres sont des TPE, PME ou startups. Nous sommes présents sur tout le territoire national, avec un maillage fort grâce à nos 12 délégations régionales, qui nous permettent d’être présent dans toutes les régions. Nous sommes également actifs au niveau européen, notamment via notre bureau de représentation à Bruxelles et notre participation active aux travaux de Digital Europe dont nous sommes membres.
Pour donner un peu de contexte, le secteur numérique représente aujourd’hui plus de 66 milliards d’euros de chiffres d’affaires et plus de 660 000 emplois.

  • Les principales missions de Numeum sont :
    Valoriser nos entreprises adhérentes et leur proposer des services à valeur ajoutée pour accompagner leur développement sur le plan économique mais également social, sociétal et environnemental
  • Travailler l'attractivité de nos métiers et défendre les intérêts de notre secteur.
  • Animer l’écosystème numérique en France pour favoriser les synergies et passer à l'échelle
  • Contribuer à la transformation numérique de la France et de ses entreprises tous secteurs confondus
  • Incarner la France numérique en Europe

Côté gouvernance, Numeum est pilotée par un conseil d’administration de 30 administrateurs et administratrices élus pour des mandats de 3 ans. Cela fait 10 ans que je siège au CA de Numeum, et j’en ai été élue présidente en juin 2023.

Vous avez choisi comme signature de marque : engager le numérique expliquez-nous pourquoi ?

Le Numérique est à l'origine d'importantes disruptions mais c'est aussi un levier incontournable pour accompagner les grandes transitions en cours et à venir.

Engager le Numérique, c'est engager nos adhérents et l'écosystème numérique dans une trajectoire d'impacts positifs sur le plan économique mais également social, sociétal et environnemental.
Engager le Numérique, c'est innover de manière responsable.
Engager le Numérique, c'est permettre à chaque entreprise quelque soit son secteur d'activité de comprendre et se saisir des opportunités offertes par la technologie.
Engager le numérique, c’est s’inscrire au cœur de la décision, qu’elle soit économique ou régalienne, au niveau local, national et européen.

Lorsque j’ai été élue en juin 2023, nous avons décidé avec l’ensemble du conseil d'administration de renforcer notre impact autour de 3 grandes priorités :

  • Les territoires : 90% des décisions sont prises dans les régions.
    Nous souhaitons ancrer Numeum au cœur des territoires, au plus près des acteurs économiques, en renforçant notre proximité avec nos adhérents et en capitalisant sur le maillage de nos 12 délégations régionales ;
  • Les compétences : c'est notre plafond de verre
    Notre secteur est un secteur en tension qui connaît une importante pénurie de talents, principal frein à la croissance de nos entreprises.
    Agir dès le plus jeune âge, renforcer les dispositifs de formation initiale et continue, favoriser la reconversion des personnes éloignées de l'emploi ou dont les métiers sont bousculés et développer la féminisation de notre secteur sont les différents axes à travailler pour répondre au défi des compétences dans le Numérique
  • Le numérique responsable : inclusion, confiance et environnement
    Faire en sorte que le numérique soit accessible à toutes et à tous, proposer un cadre de confiance (éthique, cybersécurité, protection des données), mettre l'innovation au service de la transition écologique constitue le socle de notre pacte pour un avenir numérique désirable et acceptable.

Engager le Numérique, c'est enfin jouer collectif :  fédérer l'écosystème numérique pour passer à l'échelle.

Vous êtes très actifs sur différents sujets « numérique responsable » chez Numeum, comme l’environnement avec le programme Planet Tech’care . Pourriez-vous nous décrire quelques-uns de ces programmes (environnementaux et sociétaux) et comment concrètement cela pousse vos adhérents à agir.


Effectivement, nous sommes à l'origine de plusieurs dispositifs qui fédère l'écosystème numérique en France : PlanetTech'Care, Nova In Tech, Numeric'Emploi, Ethical AI, Cyber4Tomorrow ...

Sur le volet environnemental, nous avons lancé il y a 3 ans l’initiative Planet Tech’Care.
Planet Tech’Care est une initiative qui vise à rassembler l’ensemble des acteurs mobilisés ou qui souhaitent s’engager autour du Numérique et Environnement, aussi bien sur l’aspect GreenIT (réduction de l’empreinte environnementale du numérique) que sur l’aspect IT for Green (comment le numérique est un levier incontournable de la transition écologique de notre économie). 
C’est une communauté de près de 1000 signataires et plus de 60 associations nationales ou territoriales. 
Parmi les signataires, vous retrouvez des entreprises de tous secteurs d’activité, de toute tailles et de tout degré de maturité mais également des acteurs de la formation, des acteurs publics et des collectivités territoriales.
C’est une approche pragmatique via un programme d’accompagnement, composé d’ateliers mensuels animés par nos association partenaires. Ces ateliers sont ouverts gratuitement à l’ensemble des équipes de nos signataires, l’objectif étant d’infuser un maximum au sein des organisations. Parmi nos partenaires experts, vous retrouvez des organisations comme l’Inria, l’Afnum, Boavizta, l’Ademe, Eurcoloud France, l’Institut du Numérique Responsable, le collectif Green IT, ou encore le pôle de compétitivité Systematic. L’année 2023 s’est conclue avec l’arrivée de 2 partenaires belges, nos tout premiers – mais pas les derniers – partenaires hors de nos frontières !

Ce sont aussi des rendez-vous trimestriels de partage de bonnes pratiques entre signataires ou encore un annuaire permettant de référencer des prestataires éco-responsables par catégorie d’offre et par région.
Enfin, Planet Tech’Care c’est un grand rendez-vous annuel, le GreenTech Forum que nous organisons avec notre partenaire Formule Magique. L’édition 2023 a réuni plus de 2,000 participants, 80 exposants et plus de 120 speakers autour de tables rondes et keynotes qui ont rythmé ces 2 jours. 
Rendez-vous les 5 et 6 novembre 2024 pour la 4ème édition !

Nous sommes également mobilisés depuis plusieurs années sur les enjeux de mixité et de féminisation, enjeux sociétaux et de performance économique pour nos entreprises. Là aussi ensemble est le maître mot pour faire bouger les lignes et il y a urgence. Avec nos partenaires nous sommes persuadés qu’il est essentiel d’agir à tous les âges.
Nous sommes ainsi pleinement mobilisés au sein de la fondation Femmes@Numérique dont nous sommes membres fondateurs et qui s’adresse en priorité aux jeunes filles au collège et au lycée. 
Nous sommes également partie prenante de l'initiative Tech pour toutes, portée par l'Inria et lancée par Elisabeth Borne en 2023 lorsqu’elle était première ministre qui s'adresse aux étudiantes post bac.
Enfin, nous avons lancé dans la continuité des actions que nous portons depuis 10 ans, un nouveau dispositif NOVA in tech, qui vise à revitaliser l'approche de la mixité dans le secteur technologique français. Elle prévoit de doubler le nombre de reconversion d’ici à 2030 et d’attirer davantage de talents féminins dans le numérique, en inscrivant ses actions autour de 4 grands axes :

  • Agir sur l'attractivité par l'offre :  le programme Révèle, une nouvelle offre de service qui aide les entreprises à mettre en œuvre une nouvelle démarche structurée et marketable de recrutement de femmes en reconversion
  • Agir sur l'attractivité par la visibilité : #WomenInTechForFuture, consortium créé avec la CCI Paris et la fondation Femmes@Numérique : emmener 100 femmes en délégation sur 3 salons internationaux Tech de renom,
  • Influencer l'attractivité : Groupe de réflexion "Hommes Alliés" : engager les hommes du secteur pour soutenir et promouvoir activement la féminisation de la Tech
  • Influencer la visibilité : Le grand sourcing : identifier et promouvoir les femmes expertes de nos entreprises pour alimenter le vivier d'experts speakers de Numeum

Quels sont les principaux sujets de préoccupations pour les années à venir en termes de numérique responsable, selon les remontées que vous avez des adhérents ? et avez-vous envisagé de nouvelles actions, outre celles déjà évoquées, pour y répondre au mieux ?

Les deux initiatives que je vous ai décrit dépassent nos seuls adhérents et ont vraiment un rôle d’animation de tout notre écosystème. Nous avons bien évidemment beaucoup d’actions réservées à nos adhérents. Ces actions sont construites au sein de nos commissions thématiques, comme par exemple notre commission Inclusion, ou notre commission Santé ou encore notre Commission Formation. Ces rendez-vous réguliers avec nos adhérents nous permettent de réfléchir ensemble aux sujets d’actualité ou de préoccupation de nos adhérents et de construire ensemble plan d’action et livrables.

L’un des sujets qui a marqué 2023 et restera dans le top 3 en 2024 est bien entendu l’IA, et notamment l’IA générative. L’IA bouleverse profondément nos entreprises et ses impacts environnementaux, sociaux et sociétaux sont au cœur des préoccupations. L'IA impacte et continuera d’impacter significativement les processus internes des entreprises en automatisant et optimisant le traitement de tâches (souvent répétitives) à tous les niveaux de l’entreprise : ressources humaines, Juridique et légal, marketing et communication etc..

Un autre grand sujet est la nouvelle directive européenne CSRD, qui pour certains de nos adhérents s’applique dès 2025 sur les données 2024. Il faut bien comprendre, que même si le calendrier n’est pas le même pour tous, la CSRD aura un impact sur tous, puisque même les entreprises qui ne seraient pas directement concernées, devront quand même s’y adapter afin de répondre aux exigences de leurs clients.

Sur les sujets d’inclusion, nos travaux en 2024 s’organiseront autour de 4 grandes priorités : les personnes en situation de handicap, l’accessibilité numérique, l’illectronisme et les seniors, nouveau groupe de travail lancé en 2024.

Un autre pilier important du numérique responsable chez Numeum est la confiance. Le sujet de l’éthique, de la confiance envers les technologies est un sujet clé. Nous avons d’ailleurs lancé il y a 3 ans une initiative Ethical AI, autour des enjeux d’éthique et d’IA. Un travail important de mise à jour de notre guide de bonnes pratiques est en cours de finalisation.

Enfin, nous avons pour projet de créer un Parcours Numérique Responsable pour nos adhérents, leur proposant fiches pratiques, partage de bonnes pratiques, retours d’expérience, autour de nos 3 piliers, l’environnement, l’inclusion et la confiance. Ce parcours se composera de briques thématiques, avec des niveaux d’expertise variés afin d’accompagner concrètement nos adhérents, quelque soit leur maturité, sur l’ensemble de ces sujets, sujets importants d’enjeu business et sociétaux. Ces briques seront pour beaucoup co-construites avec nos adhérents experts de la thématique.

Econocom est membre de Numeum depuis plusieurs années et a contribué à de nombreuses actions, et a également bénéficié de nombreux services. Quel message souhaitez-vous passer à l’écosystème du numérique sur ces sujets d’impact et de responsabilité ?

Mon premier message est que le sujet du numérique responsable n'est plus une option.
Nous devons nous questionner sur l’usage que nous faisons des technologies et cela dès sa conception.
Progrès technique et progrès humain doivent avancer de concert.

Le deuxième message que j’aimerais faire passer est qu’il est essentiel de jouer collectif.
Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons construire un numérique à impact positif, vecteur de croissance et de performance pour nos entreprises, au service de la société, de la planète et de chacune et chacun.

 

 

La seconde main devient le premier choix

En avance de phase, en 2022, nous avons commandé un sondage à l'IFOP, afin de comprendre les motivations des personnes acheteuses de téléphones reconditionnés. 

64 %

des Français ont acheté ou ont l’intention d’acheter un téléphone reconditionné

31 %

des Français ont acheté ou ont l’intention d’acheter un ordinateur reconditionné

La première motivation est le prix, plus accessible qu’un produit neuf.  La seconde tient à la garantie offerte et la troisième est la prise en compte du facteur environnemental.
 

66 %

des répondants souhaiteraient pouvoir le conserver jusqu'à 5 ans

62 %

des Français de 18 à 65 ans ont déjà vendu ou envisagent de vendre un ou plusieurs téléphones non utilisés à des fins de reconditionnement

Audace réactivité Numérique responsable

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